mercredi 11 mars 2009

Suivre le fil

Ce sont des images lointaines et colorées qui se déversent avec la régularité de la vague toujours différente et toujours semblable, à présent... Le fil tiré déroule peu à peu des images qui se font sensations éloquentes ... que peut-il se passer si ce n'est être sensible à ce décor insolite, gras et mouillé, calque sur les couleurs ardentes rappelées et rêvées? Confusion des images qui tracent dans la mémoire à venir des routes parallèles. C'est parce qu'il a pris la route, rue après rue, malgré la pluie et la nuit, suivant les aléas des trottoirs, au hasard, au gré du vent et du sentiment, plongé dans la pensée, qu'il a pu recevoir ce coup, ce choc, cette confusion et mêler à toute vitesse des images dont la fusion réalise un moment intéressant. Alors remontent le vert des larges feuilles, la boue rouge des chemins de terre, la chaleur dense et étouffante qui transforme les bords du réel, la couleur de la mer à la régularité sécurisante mais aux grondements inattendus, comme la trajectoire de ce fil. Et la pelote à la main, le voici qui progresse désormais vers un avenir nourri de ces images, nourri de ces présences, nourri de toutes ces toiles, étoiles de mer venues jusqu'à lui, non pas pour rien, pour rien, mais pour regarder les murs qui s'élancent en silence, écouter le vent serpenter dans les barreaux qui interdisent, dérouler son pas au hasard du regard, sentir sa présence dans sa transparence et sa légèreté, poser pas à pas ses pieds bien à plat, déposer la charge et se nourrir de tout cela. Et ce sera déjà bien.
Delphine Regnard

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