jeudi 19 mars 2009

Elle (5)

(...son port d’attache) trop rapidement. Elle finit par retrouver son quartier, puis le fleuriste où jadis elle s’arrêtait pour acheter un bouquet léger et coloré. Elle jette un regard sur les camélias en fleurs, les tulipes jaunes, les inévitables roses orangées mais ne retrouve pas le désir de toucher les pétales, de mettre son nez dans leur cœur. Elle est fatiguée tout à coup, les souvenirs reviennent, lui donne une nausée qui lui est familière, cœur soulevé, souffle écourté, l’estomac replié sur lui-même, elle ne pense plus qu’à revenir dans l’ombre de son appartement, grimpe quatre à quatre les marches, fouille dans son sac cherche ses clés, ne les trouve pas, cherche encore, enfile sa clé dans la serrure, jette son sac, se précipite aux toilettes, se penche et vomit le trop plein de tristesse qui la submerge. Elle se met à genoux, remonte ses cheveux et laisse remonter la gerbe de son ventre par à coup, jusqu’à ce que plus rien ne sorte de son corps. Elle se relève, renvoie ses cheveux en arrière, essuie son visage, sa bouche, va se faire chauffer de l’eau pour un thé. Elle est épuisée de tout ce air qu’elle a aspiré au dehors, de ce soleil qui la enlacée ; elle est fatiguée d’elle et se souvient qu’elle n’a plus le gout de vivre. Son escapade l’a distraite de son mal quelques heures, elle ne sait même pas quelle force l’a poussée au dehors, sauf peut-être l’image de cet homme qui a ramassé la pelote, mais quel sens, quelle signification à cela ? Elle s’est précipitée, appelée par le printemps du petit matin et est revenue à la case départ, affublée de son mal qui la vide de tout ce qui pourrait être rationnel, comptabilisable, crédible. Boire un thé, s’asseoir dans sa cuisine, sur son tabouret qui l’oblige à monter d’un cran dans la réalité, poser ses coudes et prendre sa tête dans ses mains en se demandant une fois de plus : qu’est-ce que je fais, qu’est-ce que je veux ?
Julia Billet

3 commentaires:

  1. j'avoue qu'Elle ne fait pas aujourd'hui ds la dentelle. Et j'ai enlevé les détails flamboyants... Peut-être passer bientôt ds la littérature érotique ?Ce serait au moins, moins ragoutant et un peu plus excitant, non ?
    JB

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  2. J'ai lu ces "Elle" à rebours, en remontant la pelote. Je pense à une lecture d'il y a peu, La Québecoite, de Régine Robin.

    Entre autres,
    "Autant ne pas bouger et oublier ainsi tes fatigues, les moments de regret, d'impatience, de nostalgie, tes difficultés passagères ou durables, tes paniques devant la fuite des lignes hivernales. Autant ne pas bouger.
    ERRER."

    Et je guette la suite.

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  3. PS euh, ce serait plus ragoûtant, pas moins, sinon au secours...
    jb

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