dimanche 29 mars 2009

Lui (6)

Cependant, il referma la porte du frigidaire et alla s'asseoir dans son fauteuil aux courbes maternelles. Une promenade par les rues lui semblait une bien meilleure idée, il s'arrêterait en chemin pour manger un morceau, comme toujours finalement. Il se leva , se prépara et sortit. Au bas de l'immeuble, il leva la tête pour voir à quoi ressemblerait cette journée qui promettait d'être moins pluvieuse que celle de la veille. Il commença à marcher dans ce quartier qu'il connaissait par coeur, les plaques d'égout et les pavés disjoints, les passages piétons dangereux et ceux où les voitures laissaient volontiers traverser les passants, les commerçants fumeurs et les boulangers appréciés aux longues files d'attente sur le trottoir, le magasin de journaux aimable comme ses gros titres, la vitrine toujours alllumée, nuit et jour, pluie et soleil, de la parfumerie. Il marcha ainsi un certain temps jusqu'à un quartier moins connu aux pavillons barricadés derrière des digicodes impossibles. Il aimait constater que parfois une panne laissait à l'inverse entrouvert le portail de prison qui aurait dû protéger du regard et du geste la zone d'habitation. Alors un espace de liberté s'ouvrait au passant qui découvrait avec bonheur la présence d'un potager bien courageux d'oser laisser aller quelques herbes folles, d'un bac à sable prenant la pluie, d'un portique vide puisque, bien sûr, il n'était pas question de laisser aux intempéries le soin d'abîmer le matériel.
Et lui, s'il ouvrait ses portes de prison, qu'avait-il à laisser voir ? Quelles herbes folles s'agitaient doucement dans son parterre informe ?

DR

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