mercredi 29 avril 2009

C'est toujours la ligne bleutée
qui mène
le regard au-delà de la courbe
c'est toujours le bois flotté
qui draine
les mots doux les mots d'amour
c'est toujours sur le papier
que j'aime
écrire ces mots
écrire toujours
c'est toujours sur le passé
que j'aime
asseoir le moi
asseoir les voies
Et ce sera toujours vers
le sommet de l'étoile
que je mènerai ces pas flottés
ce sera toujours vers
l'arrête là-haut bien dessinée
que je lèverai l'espoir
l'espoir du retour

dr

mardi 28 avril 2009

C'est à travers les méandres
des vapeurs de flots marins
que j'aimerais circuler
à mon aise, sans frein ...
suivre et poursuivre sans fin
de l'inachevé les chemins
et m'enfoncer progresser
au fond tout au fond
de la pensée de la cécité
bien cachée bien lovée
au fond tout au fond
du flot marin ...
et enfin apercevoir
ce qui ne peut se voir
que lorsque l'on a
tout banni

dr

Rêve

Un matin, se lever et partir
S'armer et parcourir
Les étendues herbeuses
De l'imagination
Au midi, se poser
Pour contempler
Le rouge du sable de la route
Et le soir
Parvenir au sommet
De soi-même
Mais combien il m'en coûte...

dr
Glisser sur les galets
Mouillés
De la plage en été
Admirer le corps bronzé
Et dorer la façade
Réchauffer le corps
En entier
Se laisser aller
Sur la vague
En été

dr

lundi 27 avril 2009

Et je voudrais
montrer
l'immensité de la rouge lagune plate
la parcourir, me dérouler
papyrus papillon
et respirer enfin
le parfum faste
de la mer

dr
Il faudrait
toucher le velours du sourire
danser en rond et en cadence
il faudrait
sentir le doux fou rire
de ton visage en démence
il faudrait
s'évaporer de nuit et puis revenir
s'affirmer et puis se contredire
il faudrait
dessiner la belle fragrance
humer le corps qui danse
il faudrait

croire
et savoir

DR
L'immensité de la rouge lagune plate
Projette ton regard au-delà de ses bornes
Et te dévoile son visage écarlate
Affolant, spirituel et que rien n'écorne

Le souffle se coupe pour monter vers de hauts lieux
Où seul le soleil de tes yeux éclate, ainsi,
Comme lorsque tu ris, rictus affreux
Qui me déchire dans un mouvement infini

L'eau coule sur ton cou pour le sculpter en art
La goutte tombe sur ta pensée et l'effraie
Une vapeur rosée s'élève, trop tard
Impossible de rattraper ce qui effraie

Alors je m'effondre sur la lagune
Cherchant en vain le doux effort
Dorénavant, fumée de brune
S'échappe de moi, sans réconfort

Delphine Regnard

lundi 20 avril 2009

lui (8)

Bon, c'est le moment de croire qu'il va bientôt arriver quelque chose qui va changer le cours des choses. Impossible de réécrire le voyage qui ne doit avoir lieu qu'une fois. Chaque pas est irréversible.
Alors, se dit-il, si j'étais, comme je le devrais, au lieu d'être là à tanguer contre les parois de ma vie, si j'étais en train d'écrire à mon bureau quelques lignes un peu meilleures, je décrirais volontiers le miroir encerclé de bois flotté aperçu aujourd'hui dans une vitrine, parce qu'apparemment le bois flotté parle à un grand nombre, et j'écrirais une rencontre entre moi (lui) et une ancienne connaissance ; cette rencontre serait l'occasion de faire le bilan de la vie de lui (moi) et surtout me permettrait d'oublier cette pelote de laine rouge. Je pourrais alors m'asseoir sur un banc, il faudra penser à insérer un banc, pour enfin soulager mon dos lacéré des coups de la vie. Est-ce que ce soir je pourrai me regarder dans le miroir ?
Mais je ne sais plus écrire tout ce qui me déchire. J'ai beau être en lambeaux, les morceaux restent collés entre eux, par un point d'attache minuscule ; qu'est-ce qui fait que je parviens encore à déambuler dans ces rues, à courir après le stupide projet de retrouver le possesseur de cette pelote ? Je lève les yeux et j'attends qu'il se déclare. Déclare-toi ! Lance-toi ! Déroule-toi ! Comme si tu étais le seul à souffrir, subir, porter et te débattre.
Je voudrais m'asseoir sur ce banc aux angles arrondis, usés par la pluie et les godasses d'adolescents informes se dépliant dessus, un banc centre du monde, témoin de nos passages, un banc de soutien à la vieille dame qui avance encore, un banc de ravitaillement au bébé qui pleure, un banc pour réfléchir et rêver et projeter, un banc pour espérer se lever et avancer.
Depuis quelques instants il repense avec quelle passion il lit depuis quelques jours le quotidien jugé sérieux dans son milieu ; prendre des nouvelles de l'extérieur, est-ce vraiment redécorer son intérieur ? Alors, voilà, je m'assois sur mon banc, je déplie mon dos et mon journal (il aime cette figure de style), je lis, j'attends l'événement, et le crée s'il ne vient pas. Mes doigts sont noircis mais qu'importe.
delphine regnard

mercredi 15 avril 2009

Elle (7)

Des instants, elle en a perdus, dépensés, gaspillés ; le temps, elle le distend, tire dessus, remonte la couverture jusqu’à faire disparaître sa présence et son corps. Elle en a lesté du temps, au fond de sa baignoire, du bout de ses lèvres, en emplissant sa tasse de thé pour la millième fois de la journée, en accrochant son sac sur la corde raide de sa solitude ; elle s’est vautrée dans les jours, les heures, la ténuité des secondes ; elle s’en est repu, remplie, lui a laissé toute la place et même davantage. Alors s’asseoir et demander un nouveau sursis revient juste pour elle a se coucher dans cette inaction qui la protège si bien du monde et des hommes, qui le sépare d’elle, déliant corps/esprit ; ce moment qu’elle se réclame à elle-même est une fois de plus la fuite et l’abandon, elle s’abandonne tranquillement sur le bord de la vie, dans les bras d’une temporalité qui perd toute mesure, toute profondeur. Encore un moment se dit elle, hypocritement, parce qu’elle en arrive à se mentir maintenant. Elle court déjà après sa pelote, elle court dans sa tête après ce fil rouge qui ne peut que la conduire quelque part, ailleurs, car c’est bien ailleurs qu’elle cherche déjà tout en refusant de se l’avouer, se tenant assise dans la cuisine , se faire croire encore qu’elle est arrêtée comme une montre, une horloge s’arrêtent parfois. Elle se ment, devant sa tasse de thé refroidie. Elle veut se faire croire qu’elle n’est pas prête, qu’elle est coincée là, avec sa misère, sauf que c’est trop tard, elle a pris le goût de l’ailleurs, seule issue possible à sa vie.
Julia Billet

vendredi 10 avril 2009

Elle (6)

6)
Revenir en arrière. Retrouver la mémoire, nommer le mal qui la tient si fort accrochée à la chambranle du présent. Elle a tellement pris l’habitude de ce magma gluant qui l’habite , matière indéterminée où les souvenirs se chevauchent, se superposent jusqu’à l’oubli, qu’elle ne sait plus par quel bout attraper le fil. Fil rouge. Tiens, étrange coïncidence, était ce donc le sens de ce détricotage ? Elle sourit à l’idée de cet inconscient qui trouve les gestes avant les mots. C’est bien ce même geste qui devrait l’amener à détramer le drame qu’elle entretient avec ferveur depuis tant de jours. Fil rouge. Sera-t-elle capable de mettre la main dessus. Elle a balancé la pelote par la fenêtre, est-ce le signe de son abandon, ou bien de sa lassitude peut-être. Jeter l’éponge, jeter la boule qui la retient dans ses filets, jeter cette masse d’elle qui la leste, l’arrime au sol des mots, se dégager du fil rouge. elle a beau fouiller , elle ne sait plus comment tout cela a commencé. Une histoire d’amour, oui bien sur. Elle a mal fini. Les histoires d’amour finissent mal en général dit la chanson. Un dérapage, un mot de trop ou peut-être plus de mots justement, oui, c’est cela, elle se souvient un peu ; le silence entre eux comme un couperet. Têtes tombées, plus un murmure, même plus de silence, le vide. Un grand vide. Corps séparé de l’être ; l’un séparé de l’autre. Un amour décousu , filé, comme un collant éraillé, bon à balancer par-dessus la jetée. Elle ne sait pas à quel instant tout a chaviré. Elle ne sait pas si c’est ainsi que tout a commencé, elle ne sait plus grand-chose du dérèglement initial. Son thé a refroidi. Pas grave, elle boit le thé brûlant mais aussi celui qui s’est endormi au fond de la théière de fonte bleue. Dehors, le ciel est bas, elle se penche à la fenêtre. Un homme marche en levant la tête vers elle. il lui semble qu’elle l’a déjà vu. Elle se détourne de lui et va s’asseoir dans la cuisine. Encore un moment se dit elle, j’ai encore besoin d’un instant
Julia Billet

dimanche 5 avril 2009

Lui (7)

Puis l'idée lui vint de retrouver le chemin de la veille pour réécrire l'histoire. Il rappela les souvenirs du trajet emprunté par le taxi et bientôt il lui sembla se souvenir de la zone où il avait échoué, de cette rue où il avait ramassé cette pelote. Maintenant qu'il y pensait sérieusement à la lueur du jour, la bizarrerie de la chose lui apparut. Il prit le métro pour se rendre de nouveau sur ces lieux qu'il fréquentait rarement parce qu'ils étaient exactement à l'opposé de son quartier.
Quand il émergea de la bouche souterraine, le soleil le frappa mais cette fois, ce coup-là lui fit du bien.
Alors, où es-tu, toi que je cherche ? Que fais-tu ? Comment vas-tu ? Quel est ton visage ? A quoi ressemble ta vie ? Que faire ici ? A quoi bon ?
Il entreprit de retrouver l'endroit précis et examina plus précisément les immeubles aux balcons fleuris pour la plupart, aux entrées armées de digicodes, aux fenêtres double vitrage ; c'était encore une fois les outils de défense qu'il remarquait, alors que la faille se trouvait en nous. C'est bien de l'intérieur que vient le danger, la prise de risque, celle qui fait mal pour longtemps, durablement, sans retour.
Je n'écris pas bien, se dit-il, du narratif, de l'utilitaire, de l'informatif. Et le poétique ? Transformer mes registres en mots. Oui. Mieux que ce voyage bizarre, il y a ce voyage sur la feuille que je ne fais plus jamais.
Une certaine familiarité des lieux le fit s'arrêter, lever la tête ; oui, j'y suis. Mais où suis-je ?
Non, vraiment, il faudrait prendre le temps de réécrire ce voyage. Ou le faire ailleurs.