lundi 16 février 2009

Dans cette démarche, il y a d'abord l'idée d'allègement et d'achèvement d'une idée ancienne et qui traîne. Une besace qui s'alourdit et qui me nourrit et qui se nourrit elle-même et d'elle-même ; elle doit permettre de transformer les sensations en notations ; noter pour désigner, faire signe et rendre le signe visible, compréhensible, pour qu'un chacun s'en empare, s'en nourrisse et s'en remplisse à son tour.
C'est le bois flotté, ramassé à Etretat, qui évoque pourtant d'autres lieux ; comment écrire sur cet écran aussi blanc une expérience aussi remplie de sons et de couleurs ? Partir sur ce sillon déjà tracé qui ramène à un passé qui ne cessse de se créer dans les méandres de l'oubli et de l'illusion.
Le bois flotté fait entrer dans cet atelier surchargé d'histoires et d'expériences, de recherches de l'objet qui satisfait, figuratif et apéritif, qui doit entrer en résonance. L'arrondi fixe la couleur et le motif, pour la beauté du regard éternellement. C'est donc un poisson gris, à la crête de coq, à la bouche en coeur, aux ailerons mignons, dans l'infini de la création en suspension. C'est l'artiste elle-même qui crée ses objets et qui s'exprime en paroles ; c'est le geste qui surmonte enfin le mutisme.
La rondeur et la douceur de la matière sont saisissantes ; la couleur grise est apaisante ; l'odeur de poussière de bois est émouvante et attendrissante. C'est alors que le mot se cogne à l'objet caisse de résonance ; c'est alors que la vibration fait sens ; c'est alors que la vision se confond dans ces expansions... C'est alors que commence l'écriture et que tout devient silence...
Delphine Regnard


1 commentaire:

  1. Chè-re blogeuse de sus-pensi-on (version Baudelairiennne)
    les mots semblent trouver leur chemin leur cheminement leur main, leur mine, leur manque ?
    à suivre...

    RépondreSupprimer